L’art du rangement, une spécialité japonaise ?
De nombreux ouvrages sont parus récemment au sujet du tri et du rangement. Beaucoup sont signés par des Japonais. Pour n’en citer que quelques-uns, celui de Hideko Yamashita ou de Fumio Sasaki . Le livre le plus connu est celui de Marie Kondo, La magie du rangement. Sa célébrité est telle qu’elle anime désormais sa propre émission sur Netflix.
L’auteure française Dominique Loreau, qui a publié L’art de la simplicité en 2005, vit au Japon depuis 20 ans. Est-ce un hasard si tous ont été influencés par la culture japonaise ?
La tradition du zen
L’idéal de la simplicité apparaît dans divers pays. Ainsi en Suède le lagom qui prône le juste milieu entre le trop plein et le trop vide. Mais cet idéal s’épanouit surtout dans la tradition japonaise du zen. Le bouddhisme zen fut importé de Chine au Japon sur plusieurs siècles. Entre autres, le moine Dōgen, a fondé au XIIIème siècle son école après avoir séjourné en Chine. Le bouddhisme zen est fondé sur la pratique du zazen ou méditation assise. Il s’exprime aussi à travers l’art du jardin zen, de la calligraphie, de la cérémonie du thé ou des arrangements floraux (ikebana).
Tous ces arts reposent sur une esthétique du dépouillement. Ainsi, la pratique de l’ikebana n’a rien à voir avec nos bouquets occidentaux où l’on recherche la profusion. Il s’agit au contraire d’assembler un tout petit nombre de fleurs bien choisies. De la même façon, pour la cérémonie du thé, on utilise des bols tout simples, dont la simplicité est source de beauté.
Influence du zen sur l’Occident
Cette tradition zen a influencé en Occident le minimalisme, en architecture en particulier (voir le slogan « Less is more » de Ludwig Mies van der Rohe). Le bouddhisme zen et la méditation zazen attirent de plus en plus d’Occidentaux. L’engouement actuel pour le minimalisme et le rangement traduit un besoin d’allègement, une quête esthétique de simplicité qui rejoint l’idéal de la philosophie zen. Remercions-en la culture japonaise !